Une lettre d'amour et de générosité : L'héritage de l'Imam Rida (as) à son fils, l'Imam Jawad (as)
L'Imam Jawad (as), connu parmi les Imams infaillibles (as) sous le nom de "Jawad al-A'immah" (le Généreux des Imams), se distingue par sa qualité de générosité. Bien que toute la famille du Messager de Dieu (as) et les Imams infaillibles (as) soient des manifestations de la générosité et de la munificence de Dieu, l'Imam Jawad (as) est particulièrement reconnu pour cette vertu.
Chacune des personnalités sacrées d'Ahl al-Bayt (as) représente les noms et attributs de Dieu. Par exemple, nous connaissons l'Imam Rida (as) comme "Ra'uf" (le Compatissant), et nous nous souvenons de l'Imam Jawad pour sa générosité. La raison pour laquelle il est associé à cette qualité remonte à une lettre que l'Imam Rida (as) lui a envoyée de Marv, lorsque l'Imam Jawad (as) était un enfant d'environ six ans.
À cette époque, certains ont informé l'Imam Rida (as) que les personnes qui s'occupaient de son noble fils limitaient ses interactions sociales. Après le départ de l'Imam Rida (as) de Médine, les gens se rendaient au service de l'Imam Jawad (as), lui posant des questions, sollicitant de l'aide et cherchant à satisfaire leurs besoins matériels et spirituels. Pour contrôler ces relations, les serviteurs de l'enfant le sortaient parfois par la porte de derrière ou le gardaient à l'intérieur de la maison, ce qui soulevait des questions sur la relation d'Ahl al-Bayt (as) avec la communauté.
En apprenant cela, l'Imam Rida (as) écrivit une lettre à son fils, dans laquelle il lui exprimait :
"La nouvelle m'est parvenue que tes serviteurs te font sortir de la maison par la petite porte, motivés par leur avarice et leur manque de générosité envers les gens. Je t'exhorte, par le droit de père que j'ai sur toi, à entrer et à sortir par la porte principale. Et chaque fois que tu sors, emporte avec toi des bourses de dinars et de dirhams, afin que tu puisses secourir ceux qui te le demandent. Si tes oncles te demandent quelque chose, ne leur donne pas moins de cinquante dinars, et à tes tantes, ne leur donne pas moins de vingt-cinq. Tu es libre de donner plus. Je demande à Dieu d'élever ton rang. Par conséquent, fais l'aumône et n'aie pas peur de la pauvreté." (Source : Mishkat al-Anwar, p. 233)
Suivant ces instructions, l'Imam Jawad (as), avec les conseils de son père, ouvrit les portes de sa maison au public, aidant les pauvres et tous ceux qui sollicitaient son aide.
Un aspect important de son attitude d'aide était l'attention particulière portée aux membres de la famille et aux proches, un point que l'Imam Rida (as) a souligné dans sa lettre. Cette attention portée à l'aide aux proches nécessiteux est une leçon précieuse pour la société actuelle, qui, en plus d'aider les pauvres en général, doit accorder une attention particulière à ses proches dans le besoin.
Dans la lettre, l'Imam Rida (as) a exhorté son fils à "accorder une attention particulière à tes proches", en précisant même un montant minimum pour assurer le respect de leurs droits (Source : Tafsir al-Ayyashi, v. 1, p. 131).
Ce conseil important montre qu'en plus d'aider les pauvres, nous devons prendre soin de nos proches nécessiteux et les assister. Les instructions de l'Imam Jawad (as) ont contribué à former une personnalité remarquable dans la société, même dès l'enfance. Un enfant de cinq ou six ans qui ne laissait personne les mains vides, bénéficiant de la grâce et de la générosité de l'Imam, manifestait dès son plus jeune âge les signes de l'Imamat, préparant le chemin à l'acceptation du leadership par le peuple.
Même après quatorze siècles, les chiites continuent de bénéficier de la générosité de l'Imam Jawad (as). La porte de sa miséricorde reste ouverte, et il continue d'être un moyen d'élever nos supplications vers Dieu.
Quatre hadiths de l'Imam Jawad
Trois piliers de la bonté :
Il est rapporté que l'Imam Jawad (as) a dit : "Trois sont les piliers des bonnes actions : accomplir les obligations, s'abstenir de ce qui est interdit et rester vigilant face à la négligence dans la pratique de la religion." (23. Bihar al-Anwar, v. 75, p. 81.)
Trois besoins du croyant :
L'Imam Muhammad Jawad (as) a dit : "Le croyant a besoin de trois choses : la guidance de Dieu, un prédicateur interne (la réflexion en soi) et l'acceptation des conseils des autres." (Source : Bihar al-Anwar, Vol. 75, p. 358.)
Trois façons de gagner l'amour des autres :
L'Imam Muhammad Jawad (as) a dit : "Vous pouvez gagner l'amour des autres grâce à trois qualités : être juste dans vos relations, faire preuve d'empathie envers les autres dans leurs difficultés et leurs joies, et posséder un cœur pur." (Sources : Bihar al-Anwar, Vol. 75, p. 82 ; Kashf al-Qummah, Vol. 2, p. 349.)
Signe de la perfection de la foi :
L'Imam Muhammad Jawad (as) a dit : "Chez celui qui manifeste quatre qualités, sa foi est perfectionnée : donner pour Dieu, interdire (le mal) pour Dieu, aimer par amour de Dieu et haïr par haine de ce qui déplaît à Dieu." (Source : Bihar al-Anwar, Vol. 75, p. 81.)
Miracles de la vie de l'Imam Jawad (as)
L'Imamat représente la continuation de la prophétie, les Imams étant les moyens de la grâce et de la vie matérielle et spirituelle du monde. Ils sont la cause de la création, et tout dans l'univers existe grâce à leur présence. Pour cela, les bénédictions matérielles et spirituelles que nous possédons sont les fruits de leur existence sacrée.
Les mains paralysées
Le calife abbasside Ma'mun, obsédé par l'idée de saper l'autorité du jeune Imam Muhammad al-Jawad (as), a conçu un plan pour l'humilier et nuire à sa réputation. Faisant confiance à la ruse et aux distractions mondaines, Ma'mun croyait pouvoir détourner l'Imam (as) de son chemin. Cependant, toutes ses tentatives ne lui ont valu que de la honte, car la grandeur et l'intégrité de l'Imam (as) sont restées inébranlables.
À une occasion, Ma'mun a fait en sorte qu'un groupe de femmes belles et habiles tendent un piège à l'Imam (as). Cependant, l'Imam (as), imperturbable dans sa force spirituelle et morale, est simplement passé, sans leur accorder la moindre attention.
À une autre occasion, un homme nommé Mukhariq, célèbre pour sa voix captivante et ses talents de chanteur et de danseur, a été engagé pour se mettre en travers du chemin de l'Imam (as) et se moquer de lui. Alors que Mukhariq interprétait sa musique et dansait avec l'intention de se moquer, l'Imam (as) a levé ses mains en prière et l'a réprimandé : "Ô homme impudique, crains Dieu !". À l'instant, les mains de Mukhariq se sont paralysées et les instruments de musique sont tombés au sol. On raconte que cette paralysie l'a accompagné jusqu'au jour de sa mort. (Usul al-Kafi, v. 1, p. 494.)
Le poisson du désert et le secret révélé
Ma'mun, le calife, parcourait les rues animées de Bagdad. Les enfants, habitués à l'ombre oppressante du calife, ont fui en le voyant s'approcher, leurs rires enfantins transformés en silences craintifs. Cependant, au milieu de l'agitation, un jeune homme restait debout, son regard clair et sans trace de peur.
Ma'mun, intrigué par l'audace de l'adolescent, arrêta son cortège imposant et cria : "Pourquoi ne fuis-tu pas, garçon ?"
Le jeune homme répondit : "Pourquoi devrais-je fuir ? Le chemin est large et je n'ai pas besoin de le dégager. Et je n'ai commis aucun crime qui m'oblige à fuir ta présence."
La logique et la bravoure du jeune homme impressionnèrent Ma'mun. Il continua son voyage, mais l'image du garçon resta gravée dans son esprit. Plus tard, dans le vaste désert, Ma'mun se livra à son passe-temps favori : la fauconnerie. Il lança son aigle de chasse, et celui-ci revint triomphant, apportant entre ses griffes une petite proie : un poisson, étonnamment, au milieu du désert. La vision laissa Ma'mun perplexe. D'où venait ce poisson ?
Une idée audacieuse surgit dans son esprit. Il décida de soumettre le jeune homme à une épreuve. Il cacha le poisson dans sa main et retourna dans la rue où il avait rencontré le garçon.
"Garçon !" dit Ma'mun, avec une étincelle de défi dans les yeux, "dis-moi, qu'est-ce que je cache dans ma main ?"
La réponse du jeune homme arriva immédiatement : "Dieu, le Tout-Puissant, dans Sa sagesse infinie, crée les poissons dans les mers. Et toi, avec l'aide de tes oiseaux de chasse, tu en as capturé un. Et maintenant, avec cette prise, tu cherches à mettre à l'épreuve la pure descendance du Prophète (as)."
L'étonnement de Ma'mun fut palpable. Comment ce jeune homme pouvait-il savoir, sans avoir assisté à l'événement, la capture du poisson et l'utilisation de l'aigle ? Il demanda alors : "Quel est ton nom ?"
Le jeune homme répondit d'une voix claire et ferme : "Mon nom est Muhammad (al-Jawad), fils d'Ali Ibn Musa, que la paix soit sur eux tous."
La surprise de Ma'mun s'évanouit, et il s'exclama alors : "Tu es vraiment le fils de l'Imam Rida, et tu es vraiment de la famille du Prophète (as) !" (Faiz Kashani, Muhjat al-Bayda, p. 295.)
Libération de la prison
Abu Salt, le serviteur de l'Imam Rida (as), raconte :
Après l'enterrement de l'Imam Rida (as), j'ai été emprisonné sur ordre de Ma'mun, et je suis resté derrière les barreaux pendant un an. L'enfermement et les peines de la prison m'ont épuisé. Épuisé, j'ai élevé mes prières et fait Tawassul (supplication et demande d'intercession) au Prophète Muhammad (as) et à sa famille bénie, implorant leur aide pour me libérer. J'ai demandé à Dieu que, par la bénédiction de la famille de Muhammad (as), il mette fin à ma souffrance.
Je n'avais pas encore terminé ma prière que, devant mes yeux, l'Imam Jawad (as) apparut ! Il entra dans ma cellule et me demanda : "Ô, Abu Salt ! As-tu été vaincu par les difficultés de la prison ?" Avec un serment, je lui répondis : "Par Dieu, je suis épuisé."
Alors, l'Imam Jawad (as) dit : "Lève-toi !" À ce moment même, il toucha les chaînes et les menottes, et toutes se brisèrent, tombant de mes mains et de mes pieds. Il me prit par la main et, miraculeusement, me guida à travers les gardiens de la prison. Ceux-ci, en m'observant, restèrent immobiles, incapables de parler ni de réagir. Ainsi, je sortis de la prison, sain et sauf.
Avant de partir, l'Imam Jawad (as) me dit : "Va avec la protection de Dieu, car la main de Ma'mun ne t'atteindra jamais, ni ta main Ma'mun."
Je me suis adressé à l'Imam (as) : "Seigneur, pourquoi n'êtes-vous pas venu me rendre visite pendant cette année ?"
L'Imam Jawad (as) répondit : "Si tu nous avais appelés avec la même sincérité que ce soir, tu aurais trouvé le salut à cet instant."
J'ai repensé à l'année écoulée. J'ai compris que, sauf cette dernière nuit, mon appel à l'Imam (as) avait manqué de la véritable dévotion. Je cherchais son aide, mais mon cœur nourrissait des espoirs dans l'influence de mes amis à la cour de Ma'mun.
Mais quand je me suis vu démuni et sans autre refuge que l'Imam (as), c'est alors qu'il a tendu la main pour m'aider. (Uyun al-Akhbar al-Reza, v. 2, pp. 679-678.)












